ACAT région Nord-Picardie

mouvement de défense des droits de l'homme

Pourquoi se mobiliser contre la peine de mort en Afrique?

Publié par parution de LaCroix le Jeudi 13 Octobre 2005, 10:02 dans la rubrique historique - Version imprimable

Lorsqu’on parle de la peine de mort, on évoque généralement le cas des États-Unis, de la Chine ou de l’Iran, moins souvent le continent africain. Là-bas, même si les exécutions sont rares, les condamnations restent fréquentes. C’est ainsi que des détenus condamnés à mort se retrouvent en situation de non droit, car ils restent indéfiniment en prison, souvent isolés et dans des cellules plus petites que les autres détenus, sans accès à leurs avocats ou à leur famille. Du fait de moratoires non transcrits dans le droit en tant qu’abolition, ce qui entraînerait la commutation de leur peine, ils se retrouvent dans une situation de non-droit absurde et restent finalement condamnés à une peine de mort sur le long terme.

Hélas, la justice fonctionne tellement mal en Afrique que les citoyens – notamment les plus pauvres – se font souvent justice eux-mêmes. Cela prend la forme de lynchages : dans de nombreux pays, si quelqu’un commet un crime dans un lieu public, il est pourchassé et passé à tabac, parfois jusqu’à la mort.
La lutte contre ce phénomène passe beaucoup par la sensibilisation de l’opinion publique, en expliquant qu’il y a un système judiciaire et que l’on doit y avoir recours. Hélas l’exemple vient de l’État lui-même puisque, dans de nombreux pays du continent, des membres des forces de l’ordre exécutent ouvertement des « bandits », dans une parfaite impunité.

Seuls trois pays ont procédé à des exécutions en 2004 : le Soudan, la Somalie et l’Égypte. En Afrique, treize États sur cinquante-deux ont aboli la peine de mort dans leurs textes, les derniers à l’avoir fait étant le Sénégal l’année dernière et le Liberia le mois dernier. On espère qu’ils vont être moteurs dans l’Afrique de l’Ouest.

En outre, plus d’une vingtaine de pays ont aboli la peine de mort de facto, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas supprimé la peine de mort de leur code pénal, mais n’exécutent plus de condamnés depuis plus de dix ans.

Pour beaucoup d’États africains, et notamment la vingtaine de pays qui n’exécutent plus ou qui pratiquent un moratoire depuis dix ans et plus, ce ne serait pas très compliqué d’abolir, par exemple en ratifiant le deuxième protocole au Pacte des droits civils et politiques. »

RECUEILLI PAR LAURENT D’ERSU
Article parue dans le journal LaCroix du 10 octobre 2005


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